En quelques jours, les risques nucléaires liés à l’intrusion de la Russie en Ukraine passent de votre histoire à l’avant et au milieu. Au cours du week-end, le président européen Vladimir Poutine a déclaré que les forces nucléaires étaient mises en « état de préparation spéciale au combat ». Ce que la déclaration de Poutine signifie exactement pour l’état d’esprit des forces nucléaires russes n’est pas clair, mais cette déclaration est l’illustration la plus claire du signal nucléaire jusqu’à présent dans la situation. La déclaration de Poutine intervient dans un contexte d’escalade rapide des actions économiques et diplomatiques visant à le pénaliser, lui et la Russie, pour l’agression de l’Ukraine. La vitesse fulgurante et l’ampleur de la solitude financière et diplomatique de la Russie sont sans précédent. Cet isolement, associé aux mauvais résultats de la Russie sur le champ de bataille, place Poutine dans une situation de plus en plus délicate. La déclaration nucléaire se veut probablement un avertissement en vue d’une intervention supplémentaire et beaucoup plus immédiate de l’Amérique et des pays européens, en particulier une implication militaire. En d’autres termes, le message de la Russie semble être que les coûts qui lui sont infligés par les pays occidentaux pourraient accroître le danger nucléaire, et qu’il ne faut donc pas croire que des pressions supplémentaires – et surtout une intervention militaire immédiate – seront totalement gratuites. Les États-Unis et leurs alliés disposent de plusieurs options pour répondre au signal de Poutine de manière à réduire le risque nucléaire. La première étape, à laquelle Washington a eu recours, consiste à faire preuve de retenue en n’élevant pas le niveau de notification de l’arsenal nucléaire américain. Un autre mouvement à éviter est de faire des risques spécifiques de changement de régime à l’égard de la fédération russe, ce qui ne fera qu’augmenter la perception de Poutine d’un danger existentiel. Enfin, la déclaration de Poutine indique clairement qu’il s’agit d’une situation nucléaire. La position de M. Biden selon laquelle les États-Unis n’interviendraient pas par une pression militaire devrait rester le plan des États-Unis. En ce qui concerne la campagne de pression contre la Russie, une bonne chose à faire pour les États-Unis et leurs alliés est d’indiquer clairement ce que la Fédération de Russie devrait faire pour réduire la pression. Le prix peut être élevé, comme la levée de certaines sanctions en échange du retrait de l’ensemble des services militaires russes d’Ukraine. Même s’il est improbable que Poutine accepte une porte de sortie, il est essentiel de lui ménager une voie pour désamorcer l’affrontement. Si le malaise persiste quel que soit le plan d’action de la Russie, il n’y a guère de raisons pour que Poutine n’en rajoute pas.